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Nous vous proposons dans ce flash de faire le point sur les conséquences de la crise politique française, de vous communiquer les principales informations relatives aux opérations de gestion financière que nous avons réalisées pour adapter les portefeuilles dans l’immédiat.

 

 S’agissant de la performance de vos mandats de gestion, l’impact de ces incertitudes se traduit au vendredi 14 juin par un recul de leur valorisation hebdomadaire compris entre -1,5% et -5% en fonction de l’orientation et de la composition des portefeuilles sachant que le CAC a perdu un peu plus de 6%. Malgré ces baisses hebdomadaires, les performances depuis le début demeurent satisfaisantes (de +3% à +9% avec un CAC 40 à 0%). Des décisions de gestion pour gérer le risque global des mandats de gestion ont été déjà réalisées et nous adapterons nos stratégies d’investissement en fonction des nouvelles économiques et politiques des prochaines semaines.

Du jamais vu depuis la création du suffrage universel en 1792 !  Plus de la moitié de la population mondiale en âge de voter est appelée aux urnes en 2024. Les élections européennes faisaient bien entendu partie des scrutins importants mais elles n’étaient pas perçues comme potentiellement disruptives pour l’équilibre des places boursières ; les investisseurs, assez logiquement, faisant de l’élection présidentielle américaine le rendez-vous le plus à risque pour l’environnement des marchés financiers. La décision du Président Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, et de déclencher ainsi des législatives anticipées, a donné un retentissement négatif inattendu aux élections européennes, alors que ces résultats se sont révélés globalement en ligne avec les attentes. Les actifs financiers français ont fait les frais de cette réévaluation du risque politique et économique de l’hexagone avec une chute des actions et une attaque de la dette française.

 

Pourquoi le risque « France » a -t-il été réévalué à la hausse à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale ?

Le monde économique et financier n'aime pas l'incertitude et en particulier politique, domaine pour lequel les interrogations ont rarement des consonances positives. Compte tenu des rapports de force politique actuels, les investisseurs craignent avant tout que le prochain gouvernement laisse filer les déficits publics avec pour conséquence de faire ressurgir le spectre d’un remake de la crise de la dette de la zone euro dont l’épicentre serait cette fois-ci la France.

 

Quels sont les différents scénarios politiques et leurs possibles impacts sur les marchés financiers ?

Une des conséquences de la dissolution devrait se traduire par l’émergence de trois grandes forces politiques. Dans ces conditions, quatre scénarios sont en principe possibles même si leurs probabilités semblent très disparates. Une victoire du Rassemblement National (RN) ou du « Nouveau Front Populaire », un succès de la « majorité présidentielle élargie » ou enfin un parlement éparpillé sans qu’aucune des trois forces n’arrive à dégager un score lui permettant de prétendre à gouverner le pays. A l’exception d’une victoire surprise de la « majorité présidentielle élargie », qui se traduirait par un rebond des bourses et une détente de la prime obligataire sur les taux français, tous ces scénarios risquent d’être a priori pénalisants pour les marchés financiers. Celui de l’absence de majorité serait a priori peut-être le moins adverse pour les marchés financiers (probabilité de mesures excessives plus limitée).

 

L’absence d’exemple de situation politique similaire à la crise actuelle rend difficile la calibration du potentiel de recul des cours. Seul l’épisode de la dissolution de 1981, après la victoire de François Mitterrand, qui avait occasionné une chute de plus de 10% du CAC 40, semble pouvoir être utilisé comme « témoin ». En revanche, il est probable que le degré de stress sur la dette française soit le principal baromètre pour juger à la fois de la sévérité de la défiance sur la France et de l’ampleur de l’ajustement des cours boursiers. L’écart de taux avec l’Allemagne, le fameux « spread » entre l’OAT française et le Bund allemand, qui a fortement augmenté depuis l’annonce de la dissolution, de 0.5% à 0.80%, sera en quelque sorte la boussole pour les investisseurs. La forte détention par les investisseurs étrangers de la dette française, plus de 50% de l’encours supérieur à 3000 milliards d’euros, constitue clairement une menace d’écartement du « spread » France-Allemagne en cas de programme très budgétivore.

      

Quels sont les éléments aggravants et les facteurs de soutien pour les marchés financiers ?

La montée des incertitudes politiques arrive après notamment une série de dégradation de la note qui évalue la qualité de la dette française par les grandes agences. La situation difficile des finances publiques (déficit budgétaire supérieur à 5% et dette sur PIB au-delà de 110%) dans un contexte de balance des paiements négative fait de la France dorénavant un mauvais élève de la zone euro.

 

A l’inverse, cette crise politique se produit dans un contexte de dynamique plutôt positive de la conjoncture économique européenne et mondiale, de modération de l’inflation et de début d’inflexion des politiques monétaires. La comparaison avec l’évolution en « V », et donc à terme très favorable, des marchés financiers post annonce surprise du Brexit, pour cause de momentum cyclique positif, pourrait peut-être finir par s’imposer dans les anticipations des investisseurs. Enfin, il faut également avoir à l’esprit que les sociétés du CAC 40 génèrent moins de 15% de leurs résultats en France et qu’à l’issue des élections européennes les grands équilibres politiques au sein du Parlement européen sont conservés.

       

Quels sont les ajustements que nous avons ou que nous pensons réaliser dans les mandats de gestion ?  

Nous considérons que la crise actuelle devrait rester cantonnée à la France et peser principalement de manière plus ou moins longue sur les actifs financiers français. Toutefois, nous estimons que les risques de contagion aux autres pays européens ne doivent pas être sous-estimés à court terme en raison de la proximité historique de la dernière crise financière européenne et de la pression baissière sur l’euro.

 

Dans ces conditions, tout en restant constructifs sur les fondamentaux macroéconomique et sur les résultats des entreprises, nous avons décidé de réduire le risque global de nos portefeuilles. Pour cela, nous avons réalisé plusieurs arbitrages et ajustements qui ont concerné :

  • une repondération des actions américaines au détriment des valeurs de la zone euro (sans toucher le Royaume-Uni et la Suisse) ainsi que la suppression d’une position assez limitée que nous avions sur le risque de baisse du dollar.
  • une réduction des titres français les plus sensibles aux risques économiques et politiques domestiques en faveur de valeurs européennes (valeurs allemandes et espagnoles notamment)
  • enfin, pour les mandats de gestion très majoritairement investis en actions de la zone euro ou en titres français, une baisse a priori de l’exposition globale en actions (augmentation des liquidités).

 

Quels sont les dates et événement importants à surveiller au cours des prochaines semaines ?

Au-delà des scrutins du premier tour le 30 juin et surtout du second tour le 7 juillet, il faudra surveiller les résultats des prochaines adjudications d’obligations de la République Française qui auront lieu le 20 juin (OAT de 2 ans à 5 ans) et le 4 juillet (OAT de maturités longues) pour évaluer le degré d’appétit des investisseurs pour la dette française.

 

La date du 16 juillet sera également importante puisqu’elle marquera le début de la première session parlementaire du nouveau Parlement européen. Lors de cette session, les nouveaux eurodéputés devront non seulement élire leur président mais surtout valider, ou non, le futur Président de la Commission européenne. Mme Van der Leyen dispose d’une majorité a priori confortable pour être reconduite mais ce vote, à bulletin secret, pourrait créer une surprise. Plus globalement, les marchés financiers chercheront à évaluer les risques de paralysie de l’Union Européenne à l’occasion du début de cette 10ème législature du Parlement européen afin de se rassurer sur l’absence de possible phénomène de contagion de la crise politique française à toute l’Europe.

 


Rédaction de la Direction de la Gestion Sous Mandat de Louvre Banque Privée achevée le 17 juin 2024.

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