Les enjeux de la transmission de l'entreprise familiale
Le 13/06/2022Souvent plus résistantes et innovantes que les autres sociétés, les entreprises familiales sont parfois touchées par des difficultés voire disparaissent seulement quelques années après que leurs dirigeants en aient cédé les rênes. En cause : un projet souvent mal préparé. D’où l’intérêt d’anticiper sa succession, avant même que la question se pose.
Vous avez envisagé de transmettre votre entreprise à vos enfants mais sont-ils prêts ? Avez-vous bien choisi votre successeur ? Il est important de bien anticiper la reprise en main de votre société par votre descendance. Pour preuve, la moitié des entreprises familiales disparaissent quelque temps après la transmission. Un adage, la loi des trois générations, va même plus loin : « Le père construit, le fils consolide, le petit-fils dilapide ». Une vision à peine caricaturale des entreprises familiales sur plusieurs générations. En effet, seuls 3 % d’entre elles passent le cap de la 4ème génération. Bien souvent, c’est lié à un manque de préparation, note l’Observatoire National de l’Entrepreneuriat Familial (ONEF), alors que 89 % des dirigeants n’ont pas de plan de succession formalisé et qu’un tiers d’entre eux n’ont pas désigné de pilote.
Atouts et faiblesses des entreprises familiales
Le manque de préparation à la transmission est un des points les plus sensibles des entreprises familiales. Pourtant, quand les choses ont été anticipées, le succès des entreprises familiales est indéniable. Parmi les plus vieilles toujours en activité en France : citons Bonduelle (créée en 1853), Groupe SEB (1857) ou Beligné, une maison de coutellerie datant de 1610, l’une des plus vieilles entreprises du territoire.
Comme toutes les autres entreprises familiales, ces dernières respectent trois critères essentiels : la ou les familles associées détient la majorité des droits de propriété, un de leurs membres exerce une fonction managériale et l’entreprise a déjà été transmise sur plusieurs générations. Si les entreprises familiales perdurent c’est qu’elles cherchent à faire perdurer l’idée du bâtisseur, sans être uniquement intéressées par le profit à court terme. Contrairement à une caricature qui entoure les entreprises familiales, ces dernières sont en général plus innovantes, moins soumises aux soubresauts économiques et plus résilientes. Mais ce qui est un atout pour l’entreprise familiale peut, à l’occasion, devenir une faiblesse, notamment si l’équipe dirigeante fait preuve de conservatisme.
L’autre point de vigilance concerne la transmission de l’entreprise mais c’est aussi parfois un décès brutal qui peut compliquer la transmission.
Quels enjeux derrière la transmission d’une entreprise familiale ?
Transmettre son héritage.
Les dirigeants d’entreprises ont la lourde tâche de devoir choisir leur successeur. Lorsqu’il y a des héritiers, c’est plus souvent un choix de cœur que de raison. L’entreprise est alors transmise aux enfants ou à la belle-famille, sans que leurs compétences soient toujours vérifiées. Parfois, comme dans la série américaine à succès Succession, il peut exister plusieurs héritiers et dans ce cas, trancher en faveur de l’un ou l’autre est un choix impossible.
Préparer sa retraite.
L’autre enjeu important dans la transmission des entreprises familiales est de la céder pour s’assurer un patrimoine. Ici, on parle davantage de structures petites et moyennes, où la revente s’accompagne d’un départ à la retraite.
Dans tous les cas, la transmission familiale mêle des questions d’ordre psychologiques et financières : comment revendre l’entreprise à un bon prix si je la cède à mes proches ?
Transmission : ne pas attendre la dernière minute
Les enjeux de la transmission font rarement partie des priorités des dirigeants d’entreprise. Les 50 ans et plus se sentent un peu plus concernés que leurs cadets mais encore : respectivement 5 % et 2 % d’entre eux jugent que c’est un sujet important pour leur organisation. En cause : les dirigeants « rencontrent fréquemment des difficultés à se distancer de la direction de leur entreprise et à la confier à quelqu’un d’autre », pointe le rapport de l’Observatoire national de l’entrepreneuriat familial. Pourtant, y songer rapidement est la meilleure façon d’assurer la pérennité de son entreprise. D’autant que le législateur a mis en place de nombreux dispositifs fiscaux intéressants pour faciliter la transmission.
Vendre l’entreprise ou la donner : quelle est la meilleure option ?
Une des questions que vous devez vous poser en tant que dirigeant d’entreprise est la forme que prendra votre succession. Vous pouvez vous faire aider d’un banquier privé Louvre Banque Privée ou de notre pôle d’ingénierie patrimoniale pour tenter d’y voir plus clair et la préparer sereinement.
Par exemple, en cas de cession, c’est-à-dire dans l’hypothèse où vous souhaiteriez vendre votre entreprise à un proche-repreneur, cela peut se faire en partie par le crédit vendeur, soit un paiement échelonné pour aider le repreneur à espacer ses paiements en raison de moyens limités. Un dispositif fréquent lorsqu’un employé reprend l’entreprise.
En cas de donation des biens professionnels aux héritiers, les droits de mutation sont considérablement allégés. La donation est exonérée des plus-values professionnelles si l’exploitation est poursuivie dans les 5 ans qui suivent la transmission et le pacte « Dutreil » offre, lui, un abattement de 75 % sur les droits de mutation à titre gratuit sous certaines conditions. La valeur des titres sera alors imposée à concurrence de 25 % de son montant. De surcroit, les droits de donation sont réduits de 50% si le donateur transmet les titres de sa société avant l’âge de 70 ans,
Tous les experts l’affirment : pour qu’une transmission se passe le mieux possible, il faut l’avoir préparée quelques années auparavant et idéalement avoir impliqué le repreneur dans l’entreprise. Cela permet un passage de témoin sans heurt, la délégation progressive des tâches et une connaissance fine des processus et de la culture de l’entreprise.
Mots-clès : Transmission ; entreprise familiale