Investir

Investir dans le secteur de la technologie

Le 08/07/2020
Nous vous proposons un rapide tour d’horizon de l’investissement dans les valeurs technologiques avec Sébastien Racine, directeur adjoint de la Gestion Sous Mandat et Responsable Multigestion de la Banque Privée BPE, et Stéphane Fraenkel, gérant du fonds Tocqueville Technology ISR.

3 questions à Stéphane Fraenkel, gérant du fonds Tocqueville Technology ISR

 

Digital, robotisation, réseaux 5G..., notre quotidien est entouré d'appareils et de services technologiques toujours plus nombreux et pointus. Si l'on se place du point de vue d'un investisseur, quels sont les principaux secteurs économiques liés directement à la technologie ?

Le secteur peut être décomposé en plusieurs segments : tout d’abord les composants électroniques dont les avancées technologiques régulières sont à la source des innovations que vous évoquez. Ce secteur offre des opportunités d’investissement particulièrement dans le segment des équipementiers où l’innovation est très présente et la structure du marché est oligopolistique. Autre secteur très intéressant, celui des éditeurs de logiciels. Là aussi le secteur a tendance à se concentrer autour de ses leaders. De plus, grâce à l’avènement du « cloud », une proportion croissante des ventes des éditeurs de logiciels se fait par abonnement, offrant ainsi une forte récurrence à leur activité. Le secteur des entreprises du service du numérique est pour sa part plus concurrentiel et affiche une croissance structurelle moins forte. Cependant, des opportunités d’investissement apparaissent régulièrement sur des titres décotés. On inclut souvent dans le secteur les sociétés spécialisées dans les paiements électroniques. Ces entreprises bénéficient du basculement de la monnaie papier vers les paiements électroniques, de l’essor du e-commerce, et évoluent de plus dans un secteur où les fusions-acquisitions sont très créatrices de valeur. Enfin, les sociétés impliquées dans le commerce électronique bénéficient elles aussi de tendances de croissance solides qui ont accéléré avec la crise sanitaire.



Pourriez-vous nous en dire plus sur les perspectives de croissance de ce secteur ?

La croissance structurelle que l’on peut attendre du secteur de la technologie est de l’ordre de 5% à 10% par an suivant les segments. Cette croissance peut cependant varier fortement suivant les années et surtout suivant les acteurs. Par exemple au sein du même secteur des paiements en 2019, la croissance organique de de 47% de l’acteur néerlandais Adyen a été bien supérieure à celle du français Worldline qui a été de « seulement » 7%. Worldline est en effet beaucoup moins exposé au commerce électronique et se concentre plus sur l’acquisition d’autres acteurs en Europe que sur la croissance organique.

 

Quels sont, selon vous, les principaux challenges auxquels font face ses entreprises ?
Chaînes d'approvisionnement parfois fragiles (guerre commerciale, pandémies...), pressions réglementaires, fiscales, politiques sur les GAFA...

Pour l’instant les opportunités dépassent de loin les challenges. Le secteur est en effet tiré par un cycle d’innovations très riche grâce à l’avènement de nouvelles applications comme la 5G, le véhicule électrique, l’intelligence artificielle, le big data, le cloud … La crise sanitaire a également accéléré la consommation du numérique dans les entreprises ou chez le consommateur final.

Cependant, un ralentissement économique prolongé ne manquerait pas d’affecter à terme le secteur, très sensible aux budgets d’investissements des entreprises et à l’envie de consommer du grand public. Le secteur est également sensible aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, pour lesquels la domination dans les composants électroniques est devenue un enjeu stratégique.

Il faut donc être attentif, d’autant que la valorisation du secteur est devenue élevée. En Europe le secteur technologique s’échange en moyenne à environ 23 fois les résultats estimés de 2021, alors que l’indice général, tous secteurs confondus, lui est autour de 16 fois.

 

L'Europe est-elle encore dans la course ?

L’Europe est dans la course dans certains domaines avec des sociétés comme ASML, SAP ou Dassault Systèmes. Dans de nombreux autres, elle n’est présente que marginalement. Elle semble prendre conscience de ce fait et de ses conséquences, en termes économiques et de souveraineté, petit à petit, mais n’est pour l’instant être en mesure de changer la donne.